Blogue

Fusil à poudre

25 Juil 22
admin
No Comments

Écrit par Delia Oltean –

Pour se défendre en cas de danger, pour réussir à subvenir à ses besoins alimentaires, pour chasser les animaux, pour faire la guerre… Qu’ont en commun toutes ces choses ? La réponse à cette question se trouve être un objet pouvant se tenir dans les mains, un objet complexe et travaillé avec minutie, une arme à feu. 

Il suffit d’aller dans la cuisine de la Maison Hurtubise, de faire quelques pas vers le foyer pour raviver à notre mémoire une chaleur, la chaleur d’une flamme robuste utilisée autrefois à la cuisine. Tout près se trouvent deux fusils à poudre d’antan témoignant d’une histoire riche concernant l’ensemble de la Nouvelle-France. 

Il faut remonter aussi loin que l’arrivée des Européens en Amérique pour se rendre compte du point de départ de l’émergence des armes à feu tout d’abord échangées avec les autochtones. Il faut savoir qu’à cette époque, les transactions entre autochtones et européens se faisaient par le troc (échange d’un bien contre un autre) et les fusils n’ont pas été que de simples objets introduits dans la vie quotidienne. Révolutionnant la hiérarchie sociale, la façon de chasser et même de faire la guerre, les fusils ont également changé les relations entre les peuples indigènes et les colons. En effet, les batailles en forêt menées par la suite se produiront sur des bases plus égalitaires, alors que les autochtones auront aussi la possibilité de se défendre avec cette même arme efficace (Marchand, 2006). 

Bien que les colons n’aient pas découvert les armes à feu en s’installant en Amérique, leur rapport à cet objet a tout de même beaucoup changé. En Nouvelle-France, l’utilisation de l’arme à feu est libre et non contraignante, octroyant ainsi à la population le droit légal et moral d’en posséder. Pourtant, sous les menaces autochtones, entre 1654 et 1658, une loi touchant la possession obligatoire d’une arme sur soi en tout temps est instaurée. Bien que cette mesure visant à protéger la population ait existé, il ne semble pas qu’elle ait été très efficace : il y avait trop peu d’armes en circulation (Blais). 

Bémol : les armes à feu ne sont que très peu, voire pas du tout fabriquées en Nouvelle-France. Pourquoi ? Sous les lois du mercantilisme, la colonie ne sert qu’à apporter des matières premières à la métropole. Cette loi engendre une consommation presque unique de biens provenant de la métropole par les habitants de la colonie. La majorité des armes à feu proviennent donc de France ou, en plus petites quantités, d’autres pays européens comme l’Angleterre ou la Hollande (Bouchard, 1999). Sachant cela, il est logique qu’un nombre insuffisant d’armes à feu ait été importé pour répondre aux besoins de la population.  

La profession d’armurier existait néanmoins en Nouvelle-France. Voyageant pour la plupart directement de France avec des ressources financières très limitées, les hommes pratiquant ce métier faisaient davantage de réparations sur les fusils que la fabrication des armes elles-mêmes (Bouchard, 1978). 

Riche histoire que celle des armes à feu ! C’est une histoire lointaine qui raconte l’ensemble des changements qu’une « nouvelle » technologie a pu apporter dans la société de la Nouvelle-France, ainsi que sur la manière de vivre des autochtones. 

Références :