Catégorie : Nouvelles

Une division vers la Ville de Westmount

15 Août 22
admin
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Écrit par Delia Oltean –

La terre agricole de la famille Hurtubise, jusqu’en 1839, reste toujours intacte. Bien que la famille, au fil du temps, ait acquis d’autres terres ailleurs sur l’actuelle Île-de-Montréal, celle que Louis Hurtubise avait initialement achetée en 1699 ne change pas. C’est en 1839, soit 140 ans après l’acquisition du terrain par Louis, que le premier changement concernant la division de la terre se produit. 

À la manière des dernières générations d’Hurtubise, Antoine-Isaïe et Benjamin-Dominique prennent le relais de la ferme qu’ils vont cultiver ensemble. Les deux frères vont toutefois décider de déroger de la tradition et de se diviser la terre en deux portions qu’ils vont individuellement continuer à cultiver. C’est Antoine-Isaïe qui obtiendra la portion sur laquelle se trouve la Maison Hurtubise. La famille Hurtubise, par cette décision, marquera une longue suite d’autres actions du même type…

Marie-Claire Laurent, la première épouse d’Antoine-Isaïe meurt malheureusement en 1852 laissant son mari veuf. Ce dernier se remarie avec Adélaïde Hudon la même année. Sa nouvelle femme est la sœur d’Éphrem Hudon qui va devenir très proche de la famille et un acteur important du morcellement de la propriété. 

En 1846, Antoine-Isaïe vend une partie de sa terre à un libraire et éditeur anglais du nom de Hugh Ramsay pour la somme de 75 £. Cette vente va inspirer Antoine-Isaïe à vendre une autre partie de sa propriété à son beau-frère, Éphrem Hudon. Pas mal plus importante, la vente correspond à 27,4 arpents, soit la partie de la ferme qui correspond au bas du chemin de la Côte-Saint-Antoine. La vente est si importante que la famille Hurtubise n’a plus assez d’espace pour poursuivre son activité agricole. Cette vente améliore clairement la situation financière de la famille qui peut se permettre de se diriger vers des professions requérant davantage d’éducation.  

La grande partie de terre qu’Éphrem Hudon acquiert s’inscrit dans la modification du paysage rural de la côte Saint-Antoine en un nouveau quartier aux multiples résidences pour les Montréalais anglophones aisés. Lentement, c’est la création de la Ville de Westmount qui ne sera, soit dit en passant, qu’appelée comme telle à partir de 1895 (Ville de Westmount). 

Lorsque Antoine-Isaïe meurt en 1878, son fils Isaïe engage un arpenteur, un an plus tard, pour dresser un plan du lotissement de la partie de la ferme restante. Malgré cette démarche, Isaïe ne développera jamais son idée de vente : ce sera la génération suivante qui vendra le reste des lots entourant la Maison Hurtubise. 

Aujourd’hui, la Maison Hurtubise ainsi que son terrain ne sont qu’une toute petite partie de la terre acquise originellement par Louis Hurtubise. Lors d’un projet de création de jardins commémoratifs en 2017, une jardinière sur le côté de la maison représentait la différence de proportions entre la terre actuelle (une petite portion carrée surélevée du reste du bac) et la terre originale (l’ensemble du bac rectangulaire). 

Références : 

Deux curieuses ouvertures

11 Août 22
admin
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Écrit par Delia Oltean –

Le 4 août 1701 marque la date d’une entente entre les Autochtones et les Français nommée «la Grande Paix de Montréal». L’entente établie par les délégués des nations autochtones et Louis-Hector de Callière a signifié la fin de la guerre pour les Autochtones. Les Français, quant à eux, ont eu la responsabilité de régler les conflits entre les différentes nations.  

C’est dans ce contexte qu’en 1739, lorsque Jean Hurtubise a l’idée de se faire construire une maison — la fameuse maison dans laquelle six générations d’Hurtubise vont voir le jour — il fait appel à un maçon du nom de Jean Bertrand. Ensemble, les deux hommes établissent un contrat dans lequel apparaît un élément architectural un peu inusité et différent dont l’usage précis nous échappe encore de nos jours… 

Aujourd’hui, cachés par la galerie à l’avant de la maison, deux petites ouvertures existent pourtant encore dans la maçonnerie du sous-sol et il est même possible de les voir de l’intérieur de la maison par une visite de l’étage le plus profond. La taille réduite de ces ouvertures en a rendu perplexe plus d’un et a laissé place à toutes sortes de spéculations qui ont même créé une petite légende. En effet, plusieurs ont cru que ces deux trous avaient la fonction de meurtrières afin de permettre aux habitants de se défendre malgré que la «la Grande Paix de Montréal» fut signée en 1701! En fait, le nombre réduit de ces ouvertures ainsi que leur taille semble plutôt indiquer que la réelle fonction de cet élément architectural était de permettre la ventilation de l’espace au sous-sol (Stewart et Robichaud, 2001, p.44).

Un artéfact intéressant se situe le long du Grand chemin de la Haute-Folie (aujourd’hui le chemin Côte Saint-Antoine): une borne milliaire. Ces grandes pierres gravées servaient à indiquer les distances (les milles). On peut les considérer comme les ancêtres de nos panneaux de signalisation modernes! Cet artéfact est l’un des deux derniers sur l’Île de Montréal en plus d’être également le seul à être encore visible. Cet artéfact est situé à l’est du Parc King George. Pouvez-vous le trouver?

Références :

Pique-nique champêtre à la Ferme Hurtubise (Westmount)

10 Août 22
admin
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Un après-midi champêtre se tiendra mercredi prochain le 17 août pour clôturer la saison
estivale! Cet événement est pour tous, ceux qui n’ont pas encore eu la chance de voir notre
exposition ou ceux qui aimeraient venir la voir une autre fois !


Apportez votre pique-nique et venez dîner dans les jardins historiques de la Maison Hurtubise à
partir de 12h
. Des tables de 4-6 personnes seront disponibles et pourraient être partagées
entre petits groupes;


Après le dîner, à partir de 13h15, deux groupes d’une douzaine de personnes seront formés
pour une visite des lieux selon une alternance des groupes:


13h15 à 14h15 :

  • 1er groupe : Visite de l’intérieur de la maison avec une guide-interprète (durée : une heure).
  • 2e groupe : Explorer l’extérieur de la maison et la grange par vous-même avec votre
    téléphone via nos stations de Balado (durée : 45 minutes).

14h30 à 15h30:

  • 2e groupe : Visite de l’intérieur de la maison avec une guide-interprète (durée : une heure).
  • 1er groupe : Explorer l’extérieur de la maison et la grange par vous-même avec votre
    téléphone via nos stations de Balado (durée : 45 minutes).

Voici le tarif en vigueur :
Adultes (18+) | 10$
Adolescents (12-18 ans) | 6$
Enfants (6-12 ans) | 4$


Le nombre de participants étant limité à 30 personnes, les réservations sont obligatoires
via le courriel suivant : coord@hcq-chq.org; RSVP au plus tard mardi le 16 août 15h00.


L’accès libre est non autorisé. SVP, n’apportez pas de barbecue portable !


En cas de pluie, l’activité pourra être reportée au lendemain.


Venez fêter la clôture de la saison avec nous et n’hésitez pas à venir avec des enfants (il y aura
une petite activité de découverte pour eux) !

Quelques barils d’alcool

08 Août 22
admin

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Écrit par Delia Oltean –

Le bateau s’apprête tout juste à partir pour un long voyage… De la France jusqu’au Nouveau Monde, le trajet peut prendre jusqu’à quelques mois. À bord, en plus de l’équipage, se trouve une denrée essentielle, l’alcool. Des tonneaux de vin vont faire le même long voyage que l’équipage dans le but de satisfaire la soif des habitants de la Nouvelle-France. 

Dans la cave de la Maison Hurtubise ont été retrouvés quatre barils de vin et de porto ainsi qu’un support pour bouteilles de vin. Bien qu’il soit probablement impossible de savoir avec certitude l’usage que la famille en a fait ou même la provenance de tous ces articles relatifs à l’alcool, il n’empêche que la curiosité relative concernant la place de l’alcool dans la colonie de la Nouvelle-France est piquée. 

L’histoire remonte jusqu’à Samuel de Champlain… Déjà à cette époque, les Français avaient eu l’idée d’importer de la vigne européenne (Lafrance, 1992). Quelques tentatives pour faire du vin avaient déjà été tentées avec les vignes sauvages de Nouvelle-France, seulement le vin était noir et très amer le rendant complètement imbuvable. Les vignes importées ont aussi été un échec, puisque le vin restait toujours amer. Les colons ont dû se rendre à l’évidence : importer du vin de la France était la meilleure solution au problème de cet alcool imbuvable (Allaire, 2009). 

Si pour certains, la consommation du vin était fréquente à l’époque (Allaire, 2009), d’autres sont d’avis contraire (Ferland, 2004). Cette dualité s’explique dans les statistiques trouvées par les inventaires des commerçants de l’époque. Il semble même que « certaines années, les quantités d’alcool importées sont si importantes que ce type de marchandise constitue le premier revenu en taxes au port de Québec » (Ferland, 2004). Toutefois, l’importation du vin est comparable à un art tellement il faut calculer pour ne pas que le vin s’altère et s’imprègne d’amertume durant le transport. Malgré le débat, il semble qu’un autre alcool tel que la bière ait aussi été très populaire auprès de la population (Allaire, 2009). 

Avec de nombreuses attaques de corsaires dans le golfe du Saint-Laurent ainsi que la guerre de Sept Ans, l’alcool prend plus de temps à être acheminé auprès de la population. Il arrivait même parfois que les bateaux ne viennent jamais ! Les prix gonflent et la manière de résoudre ce problème est de se tourner vers une autre source d’alcool qui peut être produit directement en Nouvelle-France. Les pommiers poussent facilement sur les terres (d’ailleurs la famille Hurtubise s’est aussi déjà lancée dans la culture des pommes et possédait un pressoir) (Stewart, Robichaud, 2001, p.54), alors pourquoi ne pas faire du cidre (Ferland, 2004) ?

Lentement, la production de cidre et de bière va prendre le dessus en Nouvelle-France (bien que certains styles de vins comme le porto vont être importés plus facilement sous le régime anglais) (Lafrance, 1992). 

Références :

La brève histoire des poutres

04 Août 22
admin

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Écrit par Delia Oltean –

C’est par un vieil escalier étroit servant de passage vers le sous-sol que le visiteur est forcé de se pencher la tête afin d’éviter un plafond très bas composé de divers obstacles, faisant de sa visite au sous-sol une réelle expédition. Il faut dire que ce n’est pas en vain que le passage est difficile d’accès : une fois bien avancé dans le sous-sol, il est possible de remarquer trois immenses troncs d’arbres posés à l’horizontale tout le long du plafond. Le plus fascinant est de constater que ces trois arbres en bois de cèdre possèdent encore leur écorce depuis leur coupe vers 1534 ou 1535 !

À leur façon, ces grands troncs d’arbres ont su prendre racine dans la Maison Hurtubise grâce à leur fonction de poutres soutenant l’ensemble des étages supérieurs. C’est parce que les poutres sont lourdes qu’elles s’appuient sur ce qu’on nomme « murs de pierre de refend ». Ce type de murs est « situé à l’intérieur d’un bâtiment [et] les murs de façade porteurs à soutenir le poids de la charpente et des planchers, dont il réduit la portée, et qui permet souvent de stabiliser le bâtiment en participant au contreventement. » (Office québécois de la langue française, 2019) 

Au rez-de-chaussée, ce n’est pas de massifs troncs d’arbres qui permettent la stabilité et le soutien du reste de la maison puisqu’en dirigeant le regard vers le plafond, on remarque d’autres poutres, plus travaillées, moins massives et surtout plus esthétiques. Ces dernières sont faites de grands troncs de bois travaillés jusqu’à l’obtention d’une poutre en forme de prisme à base rectangulaire — cette technique se nomme « équarrissage ». Le bois est donc équarri et possède également un fini fin (lisse) produit par le sablage. 

Au deuxième étage de la Maison Hurtubise, les poutres équarries se présentent d’une façon similaire à celles du rez-de-chaussée, à la seule variante près qu’elles n’ont pas de fini fin (laissant par conséquent visibles les traces des outils ayant servi à leur fabrication). De grandes poutres sont posées à intervalle de 6 à 8 pieds de distance, alors que de plus petites se retrouvent entre elles. 

Au second étage, le long des murs avant et arrière, on peut aussi remarquer des pièces de bois placées en diagonale reliant les poutres du plancher du grenier aux murs de pierre de la maison — ce sont des étrésillons. Ces pièces de bois servent à transmettre le poids de la structure du grenier aux murs de pierre.

Dans le grenier, il y a une superbe structure en bois — poinçon, poutres et contrefiches — qui soutiennent le toit, ses chevrons, son pontage et ses bardeaux de cèdre. Certains chevrons sont dits volants, sans attache réelle à la structure portante, alors que d’autres sont reliés aux entraits donnant à cette structure une forme triangulée, laquelle forme la ferme maîtresse à la base des fermes de toit moderne.

Références:

HCQ: ARCHIVES, DOCUMENTS ET ARTEFACTS & SON CENTRE DE DOCUMENTATION ET D’ARCHIVES

01 Août 22
admin
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Depuis 1956, soit 65 ans, l’Héritage canadien du Québec conserve une vaste collection d’archives, de documents et d’artefacts, lesquels sont intégrés en partie dans son Centre de documentation et d’archives (CDA). Celui-ci comprend plusieurs centaines de documents en langues française et anglaise : monographies, périodiques, coupures de presse, cartes et plans, photographies (circa 1900), ainsi qu’une collection de centaines d’artefacts donnant vie à plusieurs chapitres importants de notre histoire.

La collection d’HCQ comprend différents documents datant du XVIIIe, XIXe et du début du XXe siècle, répartis entre différents fonds dont celui des Hurtubise, des Amos, des Wardleworth, d’HCQ et autres. Ces archives comprennent entre autres des peintures, des stéréotypes (1869-1880) et des photographies sur plaques de métal ou négatifs en verre.

Depuis près de dix ans, ces archives font l’objet d’expositions à la Maison Hurtubise et actuellement, une exposition spéciale est en cours pour souligner le 65e anniversaire de la sauvegarde de la Maison Hurtubise (1956) par l’Héritage canadien du Québec. Elle expose des photographies prises entre 1900 et 1908 par le docteur Léopold Hurtubise sur négatif en verre. Près de 300 de ces négatifs sont conservés par HCQ.

Le CDA est ouvert à une clientèle tant professionnelle qu’étudiante, aux chercheurs, enseignants, historiens, généalogistes ainsi qu’aux passionnés d’histoire et de patrimoine. Une liste d’une partie de ces documents et de ces archives est maintenant disponible sur le site Internet d’HCQ à l’onglet « Livres et Archives ». Vous y trouverez toutes les modalités pour leur consultation.

L’Héritage canadien du Québec est heureux de mettre à votre disposition certains documents uniques de sa collection, disponibles pour consultation sur place, à la Maison Hurtubise. La salle de consultation du Centre de documentation et d’archives est accessible uniquement sur rendez-vous préalable. Si vous désirez prendre un rendez-vous pour une consultation de nos documents, veuillez nous adresser votre requête par courriel à biblio@hcq-chq.org en y mentionnant vos nom et prénom, vos coordonnées ainsi que votre sujet de recherche. Un délai de quelques jours peut s’appliquer pour la prise d’un rendez-vous selon l’achalandage et les ressources bénévoles disponibles.

Exposition : 375e anniversaire de la fondation de Montréal
Hurtubise House (vers 1901-1908); sur négatif en verre
Stéréotype; marché Bonsecours et quai de Montréal

Éléments architecturaux

01 Août 22
admin

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Écrit par Delia Oltean –

Regarder la façade de la Maison Hurtubise, c’est regarder une foule de petits détails qui se combinent pour créer l’architecture particulière de la maison. Laisser son regard errer sur le toit à double versant, sur la pierre des champs ou encore sur la pierre taillée autour des fenêtres nous en apprend beaucoup sur l’évolution de la maison, mais également sur l’histoire plus générale de ces éléments architecturaux. 

On appelle « ancre » une pièce composée de métal qui empêche deux parties d’une construction de s’éloigner au fil du temps. Puisque le mouvement du sol peut causer un écartèlement, l’ancre a pour but de diminuer cet effet en se fixant aux poutres du plancher ainsi qu’aux murs (Culture et communication Québec, 2001). Les ancres sont visibles de l’extérieur puisqu’en plus de tenir ensemble diverses parties, une partie de l’élément ressort hors du mur extérieur (Paré, 1993). Loin d’être seulement observables en une seule et même version, elles peuvent prendre différentes formes. C’est ainsi que les ancres ayant la forme de la lettre S sont nommées tout simplement « esses » (Culture et communications Québec, 2015). 

En regardant plus attentivement, il est possible de remarquer que, entre le toit de la Maison Hurtubise et les murs de pierres, se trouvent quelques ancres pour fixer ensemble ces deux éléments structurels. Aussi, au pourtour des ouvertures, on peut également remarquer d’autres ancres appelées esses qui s’enfoncent dans les murs de pierres. Autour des fenêtres avant de la maison par exemple, les esses ne servaient probablement qu’à tenir les persiennes qui étaient utilisées à l’époque. Il faut dire que la forme de la lettre S en métal est souvent forgée soigneusement en créant un effet d’arabesque, ce qui rend ce petit élément très joli sur une façade ! Ainsi, elles peuvent aussi servir à des fins esthétiques.

Puisque les esses peuvent également tenir des persiennes, il serait intéressant de démystifier quelle est la différence entre un volet, une jalousie, une persienne ou un contrevent (termes qui semblent souvent se mélanger entre eux)…

Il faudrait peut-être commencer par établir que les volets ne peuvent jamais être vus à l’extérieur : ils sont conçus pour se placer à l’intérieur, tout près des fenêtres elles-mêmes. Les contrevents, quant à eux, se retrouvent bel et bien à l’extérieur ; pourtant ils sont des panneaux pleins qui se mettent devant les fenêtres afin de bloquer le vent par exemple. Version augmentée des contrevents, les persiennes voient leur popularité apparaître un peu plus tard dans l’histoire (ville de Lévis). À partir du panneau plein en bois, de longues bandes sont enlevées pour permettre de l’aération et une vue vers l’extérieur. Lorsque les lamelles sont mobiles, la persienne est appelée jalousie (Culture et communications, 2015). La Maison Hurtubise a longtemps eu des persiennes autour des fenêtres ; aujourd’hui retirées, elles sont exposées à l’intérieur de la maison. Quelques photographies subsistent encore pour témoigner de ce temps révolu et pour nous donner une idée de ce à quoi cela aurait pu ressembler. 

Il ne suffit que d’ouvrir les yeux pour repérer les esses ou encore les crochets ayant servi à accrocher les persiennes à l’époque. Les trouverez-vous ? 

Références :

Banc en fer forgé

28 Juil 22
admin

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Écrit par Delia Oltean –

Dans la grange tout près de la Maison Hurtubise, la découverte d’un magnifique banc d’extérieur en fer forgé a soulevé beaucoup de questions quant à sa provenance ou encore à son histoire. 

Banc à deux places, dont la grande majorité du meuble, soit le dossier, les accoudoirs et les pattes, est composée de fer forgé travaillé pour créer un ensemble d’arabesques et de motifs floraux. Le siège, quant à lui, est composé de bois. Il est possible de présumer que le banc devait être utilisé à l’extérieur de la maison comme meuble de jardin. 

Très peu d’informations nous renseignent sur le mystère entourant ce meuble. Il est toutefois possible de savoir que le fabricant du banc s’appelle The Coalbrookdale Company. Coalbrook, en plus d’être le nom du fabricant, est un village d’Angleterre reconnu pour avoir été le premier endroit de développement minier et métallurgique de la première phase de la Révolution industrielle en Angleterre (Montagne, 2007). Actuellement, le musée Coalbrookdale Museum of Iron possède dans ses archives un banc identique à celui de la Maison Hurtubise. 

Selon les informations sur ce second banc en Angleterre, il est possible de dater le meuble autour de l’année 1859. Il semblerait qu’à cette époque, une série de meubles de jardin (bancs et chaises) aient été fabriqués en fer forgé et en suivant des motifs floraux différents. Celui se trouvant à la Maison Hurtubise est probablement appelé Oak and Ivy Chair (Stephen, 2015). 

Les raisons pour lesquelles la famille Hurtubise aurait pu posséder ce meuble venant de l’autre côté de l’océan restent toutefois encore inconnues… 

Références :

Fusil à poudre

25 Juil 22
admin
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Écrit par Delia Oltean –

Pour se défendre en cas de danger, pour réussir à subvenir à ses besoins alimentaires, pour chasser les animaux, pour faire la guerre… Qu’ont en commun toutes ces choses ? La réponse à cette question se trouve être un objet pouvant se tenir dans les mains, un objet complexe et travaillé avec minutie, une arme à feu. 

Il suffit d’aller dans la cuisine de la Maison Hurtubise, de faire quelques pas vers le foyer pour raviver à notre mémoire une chaleur, la chaleur d’une flamme robuste utilisée autrefois à la cuisine. Tout près se trouvent deux fusils à poudre d’antan témoignant d’une histoire riche concernant l’ensemble de la Nouvelle-France. 

Il faut remonter aussi loin que l’arrivée des Européens en Amérique pour se rendre compte du point de départ de l’émergence des armes à feu tout d’abord échangées avec les autochtones. Il faut savoir qu’à cette époque, les transactions entre autochtones et européens se faisaient par le troc (échange d’un bien contre un autre) et les fusils n’ont pas été que de simples objets introduits dans la vie quotidienne. Révolutionnant la hiérarchie sociale, la façon de chasser et même de faire la guerre, les fusils ont également changé les relations entre les peuples indigènes et les colons. En effet, les batailles en forêt menées par la suite se produiront sur des bases plus égalitaires, alors que les autochtones auront aussi la possibilité de se défendre avec cette même arme efficace (Marchand, 2006). 

Bien que les colons n’aient pas découvert les armes à feu en s’installant en Amérique, leur rapport à cet objet a tout de même beaucoup changé. En Nouvelle-France, l’utilisation de l’arme à feu est libre et non contraignante, octroyant ainsi à la population le droit légal et moral d’en posséder. Pourtant, sous les menaces autochtones, entre 1654 et 1658, une loi touchant la possession obligatoire d’une arme sur soi en tout temps est instaurée. Bien que cette mesure visant à protéger la population ait existé, il ne semble pas qu’elle ait été très efficace : il y avait trop peu d’armes en circulation (Blais). 

Bémol : les armes à feu ne sont que très peu, voire pas du tout fabriquées en Nouvelle-France. Pourquoi ? Sous les lois du mercantilisme, la colonie ne sert qu’à apporter des matières premières à la métropole. Cette loi engendre une consommation presque unique de biens provenant de la métropole par les habitants de la colonie. La majorité des armes à feu proviennent donc de France ou, en plus petites quantités, d’autres pays européens comme l’Angleterre ou la Hollande (Bouchard, 1999). Sachant cela, il est logique qu’un nombre insuffisant d’armes à feu ait été importé pour répondre aux besoins de la population.  

La profession d’armurier existait néanmoins en Nouvelle-France. Voyageant pour la plupart directement de France avec des ressources financières très limitées, les hommes pratiquant ce métier faisaient davantage de réparations sur les fusils que la fabrication des armes elles-mêmes (Bouchard, 1978). 

Riche histoire que celle des armes à feu ! C’est une histoire lointaine qui raconte l’ensemble des changements qu’une « nouvelle » technologie a pu apporter dans la société de la Nouvelle-France, ainsi que sur la manière de vivre des autochtones. 

Références :

Une simple affiche en bois ?

21 Juil 22
admin
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Écrit par Delia Oltean –

Entre toutes sortes de trésors et de planches de bois se trouvait une grande affiche en bois au message à peine perceptible… 

Enfouie au fond de la grange de la Maison Hurtubise, ce n’est qu’autour des années 2010 que cette découverte a été faite. Telle une pépite d’or qui n’a pas encore été raffinée, l’affiche a été sortie de la grange et amenée chez une restauratrice. C’est petit à petit que les lettres sont apparues jusqu’à nous révéler :

« Lots for Sale on Hurtubise and Westmount Aves. Apply on promises or 432 Board of Trade »

Cette trouvaille vaut bien plus que ce qu’on pourrait penser de prime abord concernant une simple affiche en bois oubliée dans une grange. Cette affiche n’est ni plus ni moins que la représentation parfaite d’une période de transition de la famille Hurtubise. Ayant été des agriculteurs depuis la construction de la maison en 1739, le gagne-pain de la famille a évolué au fur et à mesure du temps faisant passer la maison d’un milieu rural à un autre urbain où l’agriculture n’y avait désormais plus sa place. 

Au tout début, en 1739, c’était la culture des céréales qui constituait l’emploi des membres de la famille. Des années plus tard, découvrant la culture des fruits et des légumes (culture maraîchère), la famille a laissé tomber progressivement les céréales jusqu’à ce que toute activité agricole cesse par suite du développement des terres de la Ville de Côte-Saint-Antoine (ancienne Ville de Westmount) en lots pour résidences. 

Ce changement d’usage des terres ne s’est cependant pas produit en un jour. Il s’est plutôt inséré dans l’agriculture qui s’y faisait encore à ce moment-là. Pour plus de précision, c’est en 1846 que se produit la première vente d’un lot de terre des Hurtubise. Cédé à Hugh Ramsay, un éditeur et libraire anglais, le lot vendu a marqué le début du développement résidentiel pour la famille. En 1873, une grande partie de la ferme en bas du chemin de la Côte-Saint-Antoine a été vendue à Ephrem Hudon, laissant ainsi une superficie beaucoup trop petite pour être en mesure d’en faire l’exploitation agricole. C’est un tournant pour le quartier de Côte-Saint-Antoine qui commence à se développer de plus en plus en un secteur urbain. 

Autour des années 1890 et 1900, les membres de la famille Hurtubise deviennent des professionnels prospères qui n’ont plus aucun contact avec l’agriculture. Ils se concentrent sur la vente des terres qu’il leur reste et qu’ils divisent en plus petits lots servant au développement résidentiel. Il n’est pas du tout hasardeux d’affirmer que la Ville de Westmount se développe au courant de ces mêmes années et que toute la région devient progressivement urbaine, poussée par de nombreux projets municipaux. 

Encore observable aujourd’hui, un reliquaire témoignant de cette époque de transition se trouve être la grange. Construite vers les années 1890, il semble qu’elle soit devenue une remise à calèches pour la famille qui n’avait plus besoin d’une grange traditionnelle servant à protéger la récolte agricole. L’utilité différente de la grange va parfaitement de pair avec la nouvelle vocation de la terre des Hurtubise, soit leur simple lieu de résidence. 

La dernière génération d’Hurtubise habitant dans la maison n’était pas que de simples professionnels puisqu’une grande partie de leurs intérêts allait vers les arts et la culture. Lorsque Léopold Hurtubise a acquis la maison en 1909, il a souhaité entreprendre des travaux de rénovation qui ont débuté en 1911. C’est ainsi que l’intérêt que Léopold Hurtubise avait pour les arts s’est aussi mêlé aux rénovation, notamment dans la galerie avec son architecture de style beaux-arts. 

À la suite de rénovations, la maison s’est transformée en ce qu’on pourrait qualifier de « villa ». L’argent investi dans les travaux a fait augmenter sa valeur et la demeure, positionnée loin du centre-ville malodorant, faisait partie des caractéristiques d’une villa. Pourtant, que devient le terrain existant s’il n’est plus utilisé à des fins agricoles ? 

Rappelant un lieu de villégiature, le terrain prend une atmosphère champêtre et ne sert finalement qu’à la famille. Quelques photos témoignent de rencontres amicales qui devaient avoir lieu à l’extérieur de la maison. La famille est certainement loin du temps de la maison de ferme !

En ayant toutes ces informations en tête, il est beaucoup plus facile maintenant de comprendre pourquoi l’affiche en bois témoigne de cette période de transition importante dans la carrière des membres de la famille, ainsi que du changement de rôle de la maison et du terrain. C’est dans les quelques mots de l’affiche que réside toutefois encore un mystère… 

Autour des années 2010, alors que l’affiche en bois n’avait pas encore été découverte, la présidente de la Westmount Historical Association est venue faire part au directeur général de la Maison Hurtubise d’une information concernant le nom d’une partie de la rue Victoria. Il semblerait que la famille Hurtubise avait eu l’idée de nommer la partie de la rue Victoria qui se trouvait au nord du chemin de la Côte-Saint-Antoine « avenue Hurtubise ». Peu de temps après la venue de Miss Lindsay, le panneau de bois dans la grange a été découvert. Écrit en lettres noires, il y avait finalement une trace de « Hurtubise ave. » !

Quelques recherches supplémentaires ont épaissi le mystère puisqu’il ne semble pas qu’un tel nom ait été répertorié ailleurs. Une avenue portant le nom des Hurtubise ne peut donc être qu’une volonté de la famille ou un nom temporaire. Il reste encore à découvrir le fin mot de l’histoire… 

Néanmoins, une recherche historique faite en 2004 présente des éléments intéressants sur le début de la période de la vente des lots situés près de Wesmount Av., la situant possiblement vers 1885 – 90. Un petit fait anecdotique : le bâtiment du « Board of Trade » auquel l’affiche fait référence a brûlé en 1901 et été reconstruit ailleurs par la suite.

Sans une découverte telle que cette affiche en bois, une partie de l’histoire aurait disparu. Amenant des éléments qui ne peuvent être retracés ailleurs, l’affiche témoigne parfaitement du changement de la vie rurale à urbaine pour les membres de la dernière génération des Hurtubise. Ce n’est donc pas qu’une simple affiche en bois !