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Les foyers de la Maison Hurtubise

18 Juil 22
admin
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Écrit par Delia Oltean –

Il faut fermer les portes, tirer les volets et les rideaux puisque dehors souffle un vent froid qui essaye de s’incruster de toutes les façons à l’intérieur de la maison. Les membres de la famille s’assemblent tous dans la même pièce devant une massive construction de maçonnerie, le foyer. Les flammes orangées qui vacillent allument une lueur dans les yeux de tous. 

L’hiver a toujours été un défi à surmonter pour les habitants de Montréal et la famille Hurtubise n’a surtout pas échappé à cette réalité. L’histoire qui entoure la chaleur réconfortante qui émane des foyers des Hurtubise allume probablement aussi une lueur au fond des yeux, celle de la curiosité. 

La Maison Hurtubise possède deux foyers qui se situent respectivement à l’ouest, dans le salon, et à l’est, dans la cuisine, ayant à la fois l’utilité de conserver la chaleur de la maison que celle de cuisiner. Lorsque la famille Hurtubise elle-même a souhaité agrandir la première version de la maison et y ajouter une annexe vers la fin du XIXe siècle, la découverte de pierres posées en arche a révélé la présence de vestiges de ce qu’à originellement été un four à pain dans le foyer de la cuisine (Stewart et Robichaud, 2001, p. 45). 

À même ce dernier foyer de la maison servant à cuisiner, il est toujours possible de voir des pierres ressortir de l’uniformité du fond nous laissant un témoignage direct avec ce passé révolu. Il semble que les foyers ainsi que le four à pain font partie du contrat de maçonnerie d’origine datant de 1739 (Stewart et Robichaud, 2001, p. 45). 

Les découvertes de ce type n’ont pas cessé puisqu’en 2011, une fouille archéologique à la Maison Hurtubise a approfondi les recherches menées, cette fois-ci, sur le foyer ouest. Il semblerait qu’une infiltration d’eau aurait amené la bavette (pierres situées au sol à l’avant du foyer) à se décoller avec le temps entraînant ainsi de la cendre à s’y loger. Les archéologues ont procédé au tamisage des cendres trouvées et y ont fait des trouvailles primordiales révélant des objets matériels en corrélation directe avec la vie des habitants de la Maison Hurtubise depuis 1739. Des fragments concrets tels qu’une pierre à fusil sur éclat en silex brun roux datant du XVIIIe siècle ou plus mystérieux comme un chapelet en céramique dorée sont quelques exemples de ces trouvailles (Archéotec, 2012, p.81-82). 

Lorsqu’on parle du foyer ouest, celui du salon, il faut spécifier que dans la cheminée se trouve une trappe en métal servant à contrôler le tirage d’air. À l’aide d’une poignée située sur le côté, il est possible d’ouvrir ou de fermer la trappe afin de contrôler l’intensité du feu et d’obtenir la chaleur voulue dans la pièce. Également, une cloison métallique coulissante est située devant l’âtre laquelle peut être déplacée de haut en bas et fixée en place à l’aide de goupilles métalliques. Cette cloison sert aussi à réduire le tirage d’air et à améliorer le chauffage de la maison. Lorsque le foyer n’est pas utilisé, une autre trappe en bois est posée sur l’ouverture. Ce qui reste en permanence sur le foyer par contre est le manteau fait en appliqué de bois qui date du 18e siècle. 

Il n’y a pas que les foyers en tant que tels qui sont dignes d’intérêt puisqu’il est aussi possible de trouver dans la collection de la Maison Hurtubise une boîte à bois ayant probablement servi à l’entreposage plus spécifique du bois d’allumage. De plus petite dimension, cette boîte est appelée en anglais «kindling box» ou encore «hod box» et est construite en bois recouvert par la suite de laiton orné. Le recouvrement de laiton représente, tout dépendant des kindling box, des œuvres d’art variées (The Record, 2012). 

C’est tout autour des foyers, éléments très utilitaires à l’époque mais plus utilisés aujourd’hui, qu’une riche histoire se développe et nous laisse entrevoir couche par couche les éléments ensevelis par le temps et les cendres. 

Références:

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